Voilà une petite présentation de la Loreley, une de mes thèmes littéraires préféré. J'avais d'ailleurs fait mon mémoire de licence d'allemand sur elle. J'ai eu la chance de visiter le fameux rocher, il y a 2 ans. Je vous montrerai des photos dès que possible !
La Loreley (ou Lorelei en orthographe francaise) pourrait faire figure de légende mythologique du Nord de l'Europe.
Et bien non, c'est une création littéraire, inspirée de la mythologie germanique du poète romantique allemand Clemens Brentano (1778-1842), célèbre pour la réutilisation des légendes allemandes.
Il a écrit également en collaboration avec le poète Achim von Arnim (1781-1831), allemand et romantique lui-aussi
Des Knaben Wunderhorn(
Le cor merveilleux de l'enfant) qui reprend des chants populaires allemands( 3 volumes publiés entre 1805 et 1808). Toujours dans cette optique de sauver la culture allemande encore orale en s'en servant dans la littérature.
Les frères Grimm ont plus ou moins fait la même chose, mais leur travail à eux est avant tout scientifique. Ils n'ont rien inventé, ils ont juste fixé des légendes orales, comme c'est le cas pour leurs fameux contes entre autres.
Les pressions de Napoléon, qui venait d'envahir l'Allemagne et qu voulait imposer la culture et la langue francaise explique en partie cet acharnement à vouloir créer une littérature allemande autonome.
Donc pour revenir à la Loreley, Brentano insère ce poème dans le deuxième volume de son roman
Godwi oder Das steinerne Bild der Mutter (
Godwi ou l'image pétrifiée de la mère) publié en 1801.
A travers ce poème, Brentano place pour la première fois, une figure de nixe (sorte de sirène allemande, mais qui a des pieds et pas de queue de poisson ! ) sur le rocher de la Loreley qui existe bel et bien sur les bords du Rhin.
Le poème raconte l'histoire de la Loreley qui pleure sur le fameux rocher l’infidélité de son amant. Ses lamentations la rendent encore plus belle et les marins charmés par sa voix ne voient pas les écueils et coulent corps et bien.
L'archevêque de la ville fait venir la Loreley devant lui pour la condamner à mort. Mais vaincu lui-aussi par sa beauté, il la condamne seulement à devenir religieuse.
Sur le chemin, la Loreley demande à aller une dernière fois sur son rocher ou elle se suicide en se jetant dans le Rhin de ce même-rocher (qui fait quand même 132 mètres de haut !). Il parait que l'on entend encore l'écho des voix des chevaliers devant assurer sa sécurité.(N.B. : Le rocher est aussi connu pour son écho)
Mais ce n'est pas ce poème qui fera passer la Loreley à la postérité, mais celui du poète romantique allemand Heinrich Heine(1797-1856) publié dans son recueil de poésie
Das Buch der Lieder (
le Livre des Chants) en 1827. Le poème sera mis en musique par Friedrich Silcher en 1837.
On retrouve toujours le motif de la belle femme peignant ses cheveux blonds tout en chantant. Ici, elle devient une sorte de femme fatale qui ensorcelle bien les marins pour les faire couler.
Ce poème est un des plus célèbres de la langue allemande, symbole du Rhin romantique.
Pendant la période nazi, les nazis effacèrent le nom d'Heinrich Heine, qui était juif en laissant la mention anonyme à la fin du poème ne pouvant l'interdire à cause de sa popularité. Ils finiront quand même par l'interdire.
Le thème de la Loreley a été encore repris par Guillaume Apollinaire (1880-1918) dans son recueil
Alcools, paru en 1913.
Ici, Apollinaire reprend la version de Brentano, c’est-à-dire le thème de la femme trompée par son amant.
On retrouve des thèmes de nixes dans le folklore et la littérature allemands qui ont inspiré Brentano et les autres. Exemple du poème
Der Schiffer (le batelier) de Goethe(1749-1832).
Avec la popularité du poème, plusieurs histoires populaires verront au cours du temps leur héroïne se faire rebaptiser Loreley. Ce qui fait qu'il y a tout plein d'histoires se recoupant, se contredisant.
La Loreley est comme son élément, l'eau, insaisissable et se transformant sans cesse. Mais il est toujours question de la Loreley qui défie les hommes et parfois la religion chrétienne. On dit que le Rhin est son père.
Voilà quelques photos du rocher de la Loreley, ainsi que des sculptures et peintures de la nixe.
A noter que le passage du Rhin au se trouve le rocher de la Loreley est très dangereux car plein d'écueils !!!
Voici la statue se trouvant au bout de la digue (que vous pouvez voir sur la photo) se trouvant au pied du rocher.
Ici, c'est la statue se trouvant en haut du rocher.
Peinture d'Emil Krupa-Krupinski, 1899.
Illustation d'Edmund Brüning, pour
le Livre des Chants de Heine.
Autre peinture dont j'en ai oublié l'auteur !
Je termine par le fameux poème d'Heinrich Heine dans une traduction francaise que je trouve pas mal !
Mon Coeur, pourquoi ces noirs présages?
Je suis triste à mourir.
Une histoire des anciens âges
Hante mon Souvenir.
Déjà l'air fraîchit, le soir tombe,
Sur le Rhin, flot grondant;
Seul, un haut rocher qui surplombe
Brille aux feux du couchant.
Là-haut, des nymphes la plus belle,
Assise, rêve encore;
Sa main, où la bague étincelle,
Peigne ses cheveux d‘or.
Le peigne est magique. Elle chante,
Timbre étrange et vainqueur,
Tremblez fuyez! la voix touchante
Ensorcelle le coeur.
Dans sa barque, l'homme qui passe,
Pris d'un soudain transport,
Sans le voir, les yeux dans l'espace,
Vient sur l'écueil de mort.
L'écueil brise, le gouffre enserre,
La nacelle est noyée,
Et voila le mal que peut faire
Lorelei sur son rocher.
Sources : wikipedia francais, et wikipedia allemand
et aussi ce site touristique en francais (!)
http://www.loreley-info.com/ On y parle du Rhin en géneral qui fourmille de châteaux, d'histoires et de légendes.