Salut
Voici encore un post sur la littérature enfantine allemande du XIXème siècle. Ca complète le sujet du Struwwelpeter, car ces histoires sont aussi célèbres l'une que l'autre, viennent aussi du XIXème siècle et sont liées par leur sujet.
L’histoire que je vais vous présenter est importante à plus d’un titre. Premièrement parce que c’est une histoire encore archi-connu par toutes les couches de la population en pays germanique, mais aussi par que c’est un des premiers précurseurs de la bande dessinée ! (cf,
Max et Moritz parait en 1865, 20 ans après le
Struwwelpeter.)
En effet, Wilhelm Busch (1832-1908), l’auteur de
Max et Moritz commence à utiliser des petites vignettes, même s’il n’y a pas encore les fameuses bulles. Pour chaque petite image on a un petit texte à la grande différence des anciennes façons de faire. Rien que pour le
Struwwelpeter, c’est différent, même si une portion de texte commence à être associer à une image en particulier. Mais là c’est encore différent car ce n’est pas une histoire qui est raconté, mais une comptine.
En France, on a l’exemple de
Bécassine qui préfigure aussi la bande dessinée moderne.
Dans tous les cas,
Bécassine comme
Max et Moritz sont des bandes dessinée, à un état assez primitif, je reconnais, mais cela en est. Alors que le
Struwwelpeter est plus un livre de comptine.
Pour parler de cette histoire, c’est une bande dessinée en un prologue et 7 chapitres, appelés Tour (dans le sens vilain tout ,
Streich en allemand). En effet, Max et Moritz sont de vilains garnements qui jouent des tours assez méchants voire cruels à tout leurs entourage. Du genre, mettre des hannetons dans le lit de leur oncle, ou encore mettre de la poudre à fusil dans la pipe de leur précepteur, ou encore voler différentes choses à leur entourage. Celui-ci commence vraiment à en avoir vraiment marre d’eux et finissent volontairement écrasés par la meule d’un moulin. Leurs restes servira à nourrir les canards. Je sais la fin est assez gore, mais Busch aime beaucoup l’humour noir. Ce texte fait plutôt donc penser à un texte moralisateur, alors que Busch d’habitude s’amuse à se moquer de la société.
Voilà le prologue, un chapitre et surtout la fin. J’ai réussi à trouver la version en anglais sur Internet et en allemand, mais pas en francais… cf .
http://www.fln.vcu.edu//mm/mm-vor_dual.html Ma traduction en francais vient des éditions Reclam. Pour voir les autres images de l'histoire, allez voir ce site, le texte est seulement en allemand.
http://www.wilhelm-busch-seiten.de/werke/maxundmoritz/vorwort.htmlEDIT, allez finalement sur ce site pour voir les images car elles ne sont malheureusement pas passées sur mon post.Max et Moritz, Histoire de deux espiègles
Avant-Propos
Chacun craint l’acharnement
De nos vilains garnements !
Qui ne connaît dans le bourg
Max et Maurice et leurs tours ?
Oui, ces farceurs exécrables
Sont de véritables diables.
Car ces gredins, où qu’ils aillent,
Ne font jamais rien qui vaille :
Nuit et jour ils vagabondent
Afin d’ennuyer le monde !
Chaparder des fruits partout
Ou bien battre les toutous
Est bien sûr moins fatigant
Et surtout moins désolant
Que le tableau noir du maître
Ou les prophéties du prêtre !
Plus les gens se plaignent d’eux,
Plus ces gamins sont heureux !
Mais tant va la cruche à l’eau
Qu’elle est réduite en morceaux !
Par ce livre plein d’images
Vous en saurez davantage !
Premier Tour
Qu’ils sont fiers, les éleveurs
Qu’ils sont comblés de bonheur
Quand leur poulailler caquette
En pondant une omelette !
Tous les poulets de la terre
Ont un destin culinaire !
Bénies soient les faverolles
Fumant dans les casseroles,
Louée leur douceur posthume
Dans un lit farci de plumes !
Madame Annie Volayet
A un joli poulailler
Où son coq, le bel Amine,
Règne sur trois concubines !
Deux renards aux ventres vides
Font des projets poulicides :]
Lestement les galopins
Coupent quatre bouts de pain.
Puis, croisant deux cordelettes,
Ils y nouent les croûtelettes.
Sitôt que la croix est prête,
Ils vont appâter les bêtes
En les posant dans leur cour,
Et le destin suit son cour !
Quand le coq voit cette aubaine,
Il est heureux de sa veine :
Vite il saisit sa trompette
Pour rassembler les poulettes !
Puis les quatre, à l’unisson
D’avaler leur hameçon !
Rien ne sert de gigoter
Car les voilà ligotés !
Il est vain de tirailler
Pour rentrer au poulailler !
Emporté par tant d’efforts
Tout ce fouillis prend l’essor,
Et voilà le quatuor
Pendu à un arbre mort !
Sous le poids les cous s’étirent !
Pauvres poulets ! Quel Martyre !
Déjà trois ont rendu …. l’œuf !
Quant au coq il mourra …veuf !
Intriguée par tous ces cris,
Madame Annie sort du lit.
Bientôt elle est dans la cour,
Et son sang ne fait qu’un tour !
Pauvres pendus ! Pauvre dame !
Trois fois plus un font quatre drames !
Tant de joie et d’abondance
Envolées sans espérance !
Madame Annette aussitôt
Brandit son plus grand couteau,
Et le cœur plein d’amertume,
Va cueillir ses fruits à plumes !
Puis, le regard embué,
Elle emporte les tués.
Voici le premier tour,
Mais le second est en cours.
Dernier tour
Cessez, petits garnements,
Sinon gare aux châtiments !
Comment peut-on, malandrins,
Eventrer des sacs de grain ?
Quand le fermier, sac au dos
S'en va avec son fardeau,
Il est surpris, car sa charge
Diminue et prend le large !
Il secoue la tête et tique :
Cela n’est pas catholique !
Mais il comprend le mystère
Lorsqu’il voit les deux compères.
Furieux, il les fourre, en vrac
Tête en avant, dans le sac,
Puis, portant les prisonniers,
S’en va trouver le meunier :
« Meunier, dit-il, tiens, mon pote,
Mouds-moi ça, et que ça saute ! »
Voici donc les galopins
Dans la trémie du moulin !
Et le monstre sanguinaire
D’avaler les pauvres hères !
Il les triture, il les foule
Et les réduit en semoule !
Mais le malheur des pendards
Fait le bonheur des canards !
Conclusion
A la mort des chenapans,
Nul ne plaint les sacripants.
Annette, il est vrai, gémit…
D’avoir mangé ses amis !
Bouc maudit les scélérats :
« Amen ! Ouf ! Bon débarras ! »
« Bravo ! dit le fumeur chauve,
Enfin la morale est sauve ! »
« Ah ! s’écrie le boulanger,
Tant mieux ! nous voilà vengés ! »
Quant au deuil de l’oncle Jules,
Il est vraiment minuscule !
Seul le paysan préfère
S’abstenir de commentaires.
Bref, la mort des deux fumistes
Fait la joie des moralistes :
Que le mal est salutaire
Par ses vertus exemplaires !