1809-1849.
Grand alcoolique devant l'éternel,opiomane invétéré,journaliste bohéme,il épouse sa cousine de 14 ans et finiras tué lors d'une rixe dans un bar.
Voilà pour le personnage,assez sulfureux!
Il fut découvert et traduit par Charles baudelaire et eut longtemps plus de reconnaissance en France que dans son propre pays.
Je vous met ici une nouvelle,assez courte d'ailleurs,qui pose bien l'ambiance qui régne sur ses "histoires extraordinaires" qui selon baudelaire,"invite a la célébration sanglante de l'amour et de la mort".
On retrouve ici le théme du portrait de Dorian gray d'oscar Wilde
Le portrait ovale
[l'auteur,un riche aristocrate,vient d'acquérir un chateau.dont les murs sont tapissés de portrait.
L'un,situé seul dans la chambre principale,éveille son intéret]
"Le portrait était celui d'une jeune fille.
C'était une simple téte,avec des épaules,le tout dans ce style qu'on appelle,en langage technique,'style de vignette'.
Les bras,le sein et les cheveux rayonnants se fondaient insaisissablement dans l'ombre vague mais profonde qui servait a l'ensemble.
Le cadre était ovale,magnifiquement doré dans le gout moresque.
Comme oeuvre d'art,on ne pouvait rien trouver de plus admirable que la peinture elle-meme.
Mais il se peut bien que ce ne fut ni l'execution de l'oeuvre ni l'immortelle beauté de la physionomie qui m'impressionna si soudainement et si fortement.
Encore moins devais-je croire que mon imagination eut pris la tete pour celle d'une personne vivante.L'effet et le charme de peinture de l'expression vitale,adéquate a la vie elle-meme,me fit tressaillir puis m'épouvanta.
[le narrateur,troublé par l'étrange portrait découvre dans la bibliothéque du chateau,le volume contant le récit du portrait ovale]
""-C'était une jeune fille d'une trés rare beauté,qui n'était pas moins aimable que pleine de gaité.
Et maudite fut l'heure ou elle vit et aima puis épousa Le Peintre.
Lui,passionné,studieux,austére,ayant déja trouvé une épouse dans l'art.
Elle,rien que lumiére et sourire,ne haissant que l'Art son rival,ne redoutant que la palette et les brosses,tous ces instruments facheux qui la privaient de son adoré.
Ce fut une terrible chose pour cette dame que d'entendre le peintre parler du désir de peindre meme sa jeune épouse.
Humble et obéissante,elle s'assit avec douceur pendant de longues semaines dans la haute et sombre chambre de la tour,ou la pale lumiére filtait sur la toile seulement par le plafond.
Mais lui,Le peintre,acharné,passionné,étrange et pensif,qui mettait sa gloire et son talent dans son oeuvre,ne vit pas que cette lumiére et cette chambre déssechait littéralement son épouse.
Patiente,sans se plaindre,elle souriait toujours parce que Le peintre,SON peintre,prenait un plaisir vif et brulant dans sa tache.
Il travaillait nuit et jour pour la peindre,elle devenait de plus en plus languissante et plus faible.
Ceux qui eurent la chance de contempler l'esquisse ne pouvaient que parler de sa ressemblance,la preuve de la puissance du peintre et de de son amour pour celle qu'il peignait miraculeusement si bien.
Mais a la longue,comme la fin de la besogne approchait,plus personne n'eut le droit d'approcher de la tour nord.
Car Le Peintre était devenu fou par l'ardeur de son travail,et il détournait rarement ses yeux de la toile,meme pour regarder la figure de sa femme.
Et il ne
voulait pas voir que les couleurs qu'il étalait sur sa toile étaient tirées des joues de celle qui était assise prés de lui.
Et quand bien des semaines furent passées,et qu'il ne restait que peu de choses a faire,rien qu'une toche sur la bouche et un glacis sur l'oeil,l'esprit de sa dame palpitaencore comme la flamme dans le bec d'une lampe.
Et a lors la touche fut donnée,et alors le glacis fut placé.
Pendant un moment le peintre se tint en extase devant le formidable travail accompli.
Mais une minute aprés,alors qu'il contemplait encore,il trembla,et il devint trés pale.
Il fut frappé d'effroi,et criant d'une voix éclatante:
-En vérité ce portrait,c'est la vie elle -meme!
Il se retourna alors vers sa bien aimée:
C'était un cadavre qui le contemplait,lui.
Elle était morte depuis des semaines.