Le sapin d'Andersen (lecture commune de Noël)

J'ai relu le conte d'Andersen ce week-end et j'ai hâte d'en discuter avec vous!

Je trouve ce conte particulièrement touchant et cruel également. Les êtres humains paraissent froids et sans cœur, en particulier les enfants à la fin du conte. Je me souviens d'une personne qui n'aimait pas trop Andersen car elle trouvait qu'il portait un regard très pessimiste sur la nature humaine. Personnellement, je le trouve réaliste. Il porte un regard poétique et féerique sur les choses mais jamais il n'enrobe la réalité, jamais il ne nous dupe. C'est ce que j'aime chez lui, ce mélange de douce poésie et de réalité crue.

Le sapin n'arrive pas à se réjouir du temps présent et ne pense qu'à pousser, pousser pour devenir fort et vieux! Je pense à tant de personnes quand je lis ça! A quinze ans, elles veulent en avoir 20 pour avoir plus de liberté, à 20 en avoir 30 pour se marier et avoir des enfants puis les années passent et elles aimeraient retourner en arrière...
Ce conte est chargé de symboles, l’arbre lui-même est fort symboliquement, représentant à lui seul le cycle de la vie.

Maintenant, vous n'avez pas un petit pincement au coeur quand vous regardez votre sapin de Noël?

Voici une illustration du conte par René Mettler: (il n'y a pas grand chose sur Internet)

Je partage ton avis Jo . Je ne m'attendais pas à ce que ce soit cruel pensant lire un conte dans tout ce qu'il y a de plus magique et de féérique pour finalement arriver à un réalisme percutant.
Comme toi j'ai remarqué la symbolique de ce conte à travers le sapin ,ses attentes de la vie et enfin ses regrets.
On ne peut pas s'empêcher d'avoir un pincement au coeur à la fin du conte parce qu'on y voit aussi nos propres craintes : ne pas assez profiter du moment présent ( ce bon vieux Carpe Diem), avoir des regrets sur la vie...

LadyM a écrit:

Je ne m'attendais pas à ce que ce soit cruel pensant lire un conte dans tout ce qu'il y a de plus magique et de féérique pour finalement arriver à un réalisme percutant.

Andersen est toujours percutant. Ses contes sont ceux que je préfère!
D'autres personnes ont lu Le sapin? On attend les avis!

Le relire m'a rappellé plein de souvenirs... parce que je l'avais déjà lu, enfant.
Comme le dit Jo, ce que j'aime par dessus tout chez Andersen, c'est sa tendresse qui n'est jamais exempte de pessimisme, d'ironie, de mélancolie et de cruauté... comme un vieil enfant qui s'amuse. Ce conte ne parle finalement que de la condition humaine, et de l'ambition. Le sapin ne pense qu'à s'élever, découvrir autres choses (il veut voler, il veut voir ce qui se passe ailleurs, il veut toujours plus), ce qui est finalement très humain, puisque l'on a tous rêvé à ça, une fois dans notre vie et que la plupart des gens sont ambitieux. L'instatisfaction et le rêve. Le sapin, alors qu'il vit, ne fait que rêver à cet après et quand c'est la fin, il rêve à cet avant, et du coup, ne vit jamais réellement, il ne se rend pas compte de la beauté qui l'entoure. La petite morale serait de se satisfaire de ce que l'on a la chance de posséder : la jeunesse, une certaine douceur de vivre. Mais il y a l'ambition et le besoin de se projeter dans un avenir qui n'existe pas (encore). Il faut vivre au jour le jour, profiter de ce qu'on a au creux de la main, car rien ne dure éternellement. C'est doux amer, et ce que j'aime (aussi) chez Andersen, c'est la sève de la vie, partout, même quand la mort est là. Et la naiveté du sapin est tellement touchante.

D'Andersen, je ne connaissait auparavant que la petite marchande d'allumettes. Eh bien! Encore un conte qui nous fait pleurer et en même temps réfléchir sur la nature humaine.

Voilà un sapin qui ne pense qu'à rêver sur sa vie future au lieu de regarder la beauté du monde autour de lui ! "Profite du temps présent ! Regarde les belles choses autour de toi, car bientôt elles disparaîtront !" Tout enfant ne prendrait pas compte de ce conseil, puis qu'il ne se rendrait vraiment pas compte du monde qui l'entoure. Il écouterait plutôt les avantages que procure la vie adulte (du moins les enfants que j'ai connu dans ma vie). Et comme le sapin est encore un enfant, il est naturel qu'il n'écoute pas non plus ce conseil.

Enfin, il arrive avec souffrance dans la vie adulte au moment de son abattement. Le summum de sa vie arrive le soir de Noël, où il est vêtu de boules et de guirlandes. Il n'a pas fini de s'émerveiller de sa parure (et du coup de sa vie d'adulte) que des enfants, ignorant le respect des symboles de Noël, le violent sauvagement en enlevant sa parure pour s'en aller ensuite leur cadeaux entre les bras.

Il rêve encore aux fêtes futures et à son envie d'épouser une princesse que déjà, sa vie d'adulte s'achève. On l'emmène au grenier, où il finira sa vie comme un vieux dans une maison de retraite, à l'écart du reste de la famille, celle composée d'autres sapins et d'oiseaux. Tout ce qui lui reste à faire est de raconter sa vie passée à des souris, comme le ferait un grand-père à ses petits-enfants.

Finalement, le sapin meurt misérablement et l'on ne peut s'empêcher de verser une larme quand un enfant lui donne le coup de grâce en lui enlevant l'étoile, ce symbole de sa vie passé et du jour le plus merveilleux de sa vie.

Vraiment! S'il y a bien un moment où l'on peut voir l'égoïsme et la cruauté des enfants, c'est bien Noël.

J'ai râté cette lecture commune.
Jo, la prochaine est prévue pour quand?

Je pense organiser la prochaine en février!

Comme à mon habitude, je donne mon avis en retard pour cette lecture commune de Noel.

Pourtant je l'avais lu dans les temps, mais je savais pas quoi en dire de plus que ce que vous aviez déjà dit, et finalement, je trouve que c'est plus une sorte de fable-avertissement.

Un peu comme certains épisodes dans les quatre filles du docteur March (cf. Je lis enfin ce grand classique ! ), qui sont certes moins cruels, mais tout aussi percutants et traîtant de certains même thèmes comme la vanité.

Ca m'a rappelé aussi un épisode de Narnia de Lewis. Dans le septième tome, tous les enfants et anciens enfants devenus adultes sont rassemblés dans le monde de Narnia sauf Susan qui comme le sapin ne pense qu'à faire plus vieille et qui voudra sûrement faire plus jeune ensuite.

Le Sapin meurt de manière assez minable, bien loin de toutes ses ambitions, il ne pourra rien faire de plus et n'est que pour nous montrer à quel point on peut tomber bien bas, et qu'il faut savoir profiter du moment présent, surtout s'il est bien.

Je pense que ce conte est bien actuel dans notre monde très voire trop matérialiste et où l'on est tenté à chaque instant d'y succomber.
C'est donc une fable-avertissement dure, mais salutaire !